Articles sur le livre "La révolte du pronétariat"

Une nouvelle "révolte du pronétariat" ?

En lançant ce blog, un de mes objectifs avec Joël était de montrer des exemples concrets et réels de "révoltes du pronétariat".

Depuis quelques jours, une "affaire" est en train de se répandre de manière impressionnante sur la blogosphère en mobilisant des milliers de personnes. L’objectif de ce billet est de montrer comment des bulles "cybermédiatiques" peuvent prendre une énorme ampleur sur Internet et favoriser l’essor d’un nouveau pouvoir citoyen si longtemps décrié.

Pour ceux qui ne sont pas encore au courant, un proviseur de l’éducation nationale vient d’être révoqué pour une prétendue diffusion pornographique sur son blog. Un article publié ce matin sur AgoraVox résume l'histoire et surtout essaye de comprendre si le caractère pornographique est réellement justifié et quels sont les fondements d’une telle décision.

Gilles Klein de PointBlog fait un très précis résumé chronologique des évènements et montre bien comment tout est parti d’une banale dépêche d’agence vendredi soir pour ensuite déclencher un véritable raz de marée "blogosphérique" en début de semaine.

Fait marquant de la journée, un avocat bloggeur (Maître Eolas) écrit une lettre ouverte à Gilles de Robien en le tutoyant ouvertement et en lui expliquant comme le phénomène est en train de prendre de l’ampleur sur Internet:

"Le buzz est en train d’enfler, l’essaim est en colère, et il va rapidement s’en prendre à toi car c’est toi qui a donné le coup de bâton dans la ruche, sans vraiment t’en rendre compte. Voilà: tu as signé il n’y a pas longtemps une décision individuelle contre un proviseur, prononçant sa révocation. Je ne te cite pas son nom, tu le retrouveras facilement: c’est rare, une révocation, quand même. Et c’est grave. Tu as condamné un proviseur à mort: il n’a plus le droit d’être proviseur, ou enseignant, ou fonctionnaire. Chômage, sans indemnités ni ASSEDIC bien sûr, bref: le RMI. Il a 48 ans, et une longue carrière sans histoire à son actif. Et pourquoi tu as signé cette révocation?"

En quelques heures, l’article atteint presque une centaine de commentaire et plus de 20 trackbacks (retro-liens). A partir de là, le bouche à oreille prend de l'ampleur aidé, entre autres, par des blogs à forte audience comme celui de Loïc Le Meur, de Laurent Gloaguen (Embruns) ou PointBlog qui a même réalisé une interview du proviseur. Embruns garde en temps réel un listing impressionnant de blogs qui relatent cette histoire et qui souvent prennent position en faveur du proviseur bloggeur. Une pétition en ligne est également lancée avec plusieurs centaines de signataires qui ne cessent de croître.

Le concept de proNétaire peut susciter certaines critiques mais il montre de manière efficace, je trouve, ce qui est en train de changer en ce moment dans nos sociétés grâce à Internet et aux nouvelles technologies. Si les prolétaires historiquement et étymologiquement ne disposaient que de leur progéniture comme ressource unique (du latin "prole"), les pronétaires eux ne disposent que d’Internet s’ils veulent se faire entendre... Et il faut dire qu'ils commencent à bien le comprendre…

Carlo Revelli