Articles sur le livre "La révolte du pronétariat"

Le pronétariat qui se révolte fonde t-il les bases d'une révolution culturelle ?

Critique du livre par Jean-Luc Grellier.

Ce billet vide qui doit traiter du livre "La révolte du pronétariat", traine depuis des semaines dans mon blog alors je me lance... c'est idiot car cela fait un moment que j'ai lu le livre de Joël de Rosnay et Carlo Revelli... mais je vais essayer de faire fonctionner ma mémoire... et mes notes. Aussi, si vous y voyez des inexactitudes ou des erreurs, n'hésitez pas à m'insulter me corriger... et excusez-moi d'avance pour la longueur... un sacré coup de pelle.


Il s'agit comme me le demandait Hubert Guillaud, et comme le titre l'indique de faire une "critique" du livre "La révolte du pronétariat" que j'ai lu il y a un mois environ.

Tout d'abord, j'ai abordé ce livre en ayant bien conscience que Joël de Rosnay est pour moi, un spécialiste de la prospective technologique, en plus d'un homme que j'admire (ce qui va m'obliger à une certaine objectivité). Ce filtre m'a permis de garder, je l'espère, un certain recul par rapport aux différents contenus de ce livre.

Je vous livre ici les quelques notes (tel quel) prises lors de la lecture de ce livre... (si je relève ces quelques passage c'est bien sûr que je partage ces idées) :

  • Le consommateur devient un "consomacteur" : il n'est plus passif, comme devant un média traditionnel, il participe, il est actif (Blogs, wiki, forums, chat etc.);
  • Les médias des masses bouleversent le mass-média : chaque internaute qui écrit de l'information contribue à développer un écosystème informationnel qui vient perturber le fonctionnement "passéiste" des médias traditionnels...;
  • internet est aujourd'hui plus une technologie de la relation qu'une technologie de l'information et de la communication;
  • Internet est un écosystème informationnel : par exemple les RSS et les blogs;
  • Internet est un système Darwinien cf : boucle de renforcement, survie des mieux adaptés au système etc.
  • Internet = contraction du temps réservé au collectage d'information mais accroissement du temps consacré au traitement et à l'analyse des informations d'où les "infomédiaires" :  knowledge management et la veille
  • Accès illimité à l'information => bagage intellectuel et cognitif adéquat (mise à niveau du système éducatif)
  • Masse d'information = anarchie = manque de pertinence des réponses des moteurs de recherche = manque de pertinence et de fiabilité de l'information
  • Chaque personne a la capacité de mettre son intelligence dans un pot commun : intelligence individuelle => intelligence collective
  • DAN Gillmor : "Le journalisme citoyen n'est pas un projet de critique des grands média, mais d'expansion des média."
  • "La liberté d'expression telle qu'elle figure dans l'article 19 de la déclaration universelle des droits de l'homme doit aujourd'hui être revisitée dans une acceptation extensive, incluant le droit à communiquer, c'est à dire non plus uniquement à recevoir une information libre mais aussi à construire, émettre et diffuser de l'information".
  • Droits et éthique des pronétaires => fiabilité de l'information
  • Journalisme citoyen = outil de lutte et de liberté des pays sous censure et/ou dictature... mais aussi facteur de représailles... RSF a publié le Guide pratique du blogueur et du cyberdissident...
  • A l'avenir coopération ou lutte entre les infocapitalistes et les médias des masses ? cf: complémentarité...
  • P2P : guerre entre infocapitalistes et pronétaires
  • lobbying des major contre le P2P, commentaire : et encore il n'y avait pas encore la DADvSI;
  • il ne doit pas y avoir de règle de dictées / ce sont l'éthique et le droit de la conversation qui doivent être les principes de base;
  • Avenir du journalisme citoyen = masse critique + fiabilité des informations (fiabilité ne devant pas devenir contrôle)
  • Capacité des hommes des des journalistes citoyens à s'auto-gérer positivement ? (Article de Daniel Schneidermann, "Wikipédia, ses espoirs, ses menaces", Libération, 14 Octobre 2005;
  • Vers l'homme "augmenté" : concept du surhomme de Nietzsche
  • Web 2.0 = appriopriation, validation partage et diffusion de l'information par les pronétaires;
  • Blog = journal "extime" (<> intime)
  • Intelligence collective = coopération de masse => retombées économiques
  • Influence des groupes de consommateurs / Google bombing
  • Emmergence des Cybertribus / corrégulation citoyenne
  • les média des masses = contre pouvoir ?
  • rapport de l'homme avec internet se rapproche de son rapport avec la nature / nous sommes une partie intégrante de l'écosystème informationnel internet;
  • personnalisation qui augmente = approche de la frontière avec la vie privée
  • nouvelle ère d'une auto-construction de son propre avenir : citoyens acteurs / ne plus subir les événements et évolutions
  • corégulation = grandir en humanité plutôt qu'en économie
  • la coconscience collective réfléchie... deux route, la schizophrénie ou de grands desseins pour l'humanité ? Espérons que Hobbes avait tord quand il disait que "l'homme est un loup pour l'homme" ou bien nous allons droit vers la schizophrénie...

Voilà les quelques notes prises pendant la lecture de ce livre.

Globalement je suis plutôt d'accord sur l'analyse de JdR, même si je regrette un peu le trop d'opposition entre les médias traditionnels et les pronétaires (ce commentaire était écrit juste après la lecture... voir la suite pour plus d'infos)... car comme dans toute chose naturelle, quand intervient un nouveau facteur ou corps étranger, il faut du temps pour que tous s'adaptent ensembles et trouvent leur place au sein d'un nouveau contexte, ou que "l'étranger" soit rejeté... l'humain fait parfois preuve de capacités d'adaptation impressionantes, et je ne doute pas que chacun trouvera sa place. Il est normal qu'aujourd'hui ce soit encore le bazar... la phase d'observation est juste passée, chacun teste l'autre et mesure ses forces. Les mass-média vont finir par accepter et intégrer les médias des masses et nul doute qu'une collaboration étroite pourra même être observée.

Je n'y ai pas lu l'angélisme qu'a pu y lire Hubert Guillaud. J'y voir plutôt du "réalisme corporatiste" (le mot est un peu fort mais bon...), car enfin, si l'on se plonge dans ce qu'était internet à ses débuts et que l'on observe ce qu'il est aujourd'hui, on est obligé de constater d'une part sa capilarité grandissante, mais surtout son impact sur la société. La vie de tous les jours des internautes est bouleversée. Besoin d'un livre, d'un disque, d'un meuble, d'une pizza, de parler avec un ami, de téléphoner, d'échanger des photos avec sa famille, de s'informer etc. tout cela peut se faire via le Net. Mais surtout aujourd'hui, le changement fondamental avec la démocratisation d'internet c'est que l'utilisateur passe d'un état de consommateur à un statut d'acteur ou "consommacteur". Il consomme de l'information mais il participe aussi à enrichir celle-ci que ce soit à travers les blogs, les forums, les wiki etc. Quand on regarde cela à l'échelle mondiale, il est impossible de nier qu'il y a un impact réel sur notre société. Son importance est aujourd'hui certaine, la mesurer reste impossible. En effet, comment mesurer l'influence des internautes sur la société sans des exemples précis qui demandent un peu plus de recul ? On a coutume de dire actuellement que les élections de 2007 en France seront un test grandeur nature sur ce sujet et je partage cet avis, d'ailleurs les mouvements constatés des uns et des autres autour de la blogosphère politique ne viennent-ils pas donner un début de réponse ?

Là où émerge un doute dans mon esprit c'est quand je mesure que seule une partie de la population mondiale a accès à internet. Est-ce à dire que tout le monde n'influera pas sur la société de demain, sur son avenir ? Dès lors quel modèle sera le bon ? Ne risque t-on pas de créer une société à plusieurs vitesses ? N'est-ce pas un risuqe de créer une sorte de "colonisation numérique" ?

Encore une fois il faut lire se livre avec des filtres, et à mon avis ces filtres sont disponibles seulement chez les "geek" du réseau, autrement dit chez les initiés. Dès lors on peut se forger à l'aulne de sa propre expérience une vision de ce que nous avance JdR. Vision que je ne trouve pas partisanne, ou par trop positive. Il met bien en balance les risques que comportent les médias des masses, tant en terme de désinformation, que d'atteinte à la vie privée etc. La lutte qu'il décrit concernant les infocapitalistes et les pronétaires, que je trouvais moi aussi un peu exacerbée, ne vient-elle pas de trouver un formidable écho à travers la DADvSI ?

Les arguments présentés reflètent bien le caractère technologue humaniste (ce n'est pas moi qui le dit, mais lui...). Il ne dit jamais que la technologie va changer la société, mais que c'est la réappropriation des technologies par les hommes en fonction de leurs besoins, de leur désirs et de leurs fantasmes qui le fera. En cela, l'évolution même de notre société depuis la préhistoire lui donne raison, la massue étant certainement la première technologie qui permis à l'homme d'évoluer, puis le feu, les outils etc. La différence avec internet, c'est que nous ne parlons pas d'un outil matériel, mais d'un organisme "vivant" qui se développe de façon "chaotique et foisonnante, comme la vie elle-même".

Si je devais formuler une critique sur ce livre ce serait simplement sur le choix du mot pronétaire... bien trop identifiable à prolétaire... même si l'intention était de provoquer.