Articles sur le livre "Surfer la vie"

Universcience et l’ambition de la cybermuséologie

Article de Aude Mathey paru dans Culture Communication le 10 janvier 2013.
Depuis plusieurs années , la Cité des sciences innove dans les nouvelles technologies appliquées à la médiation culturelle. On se rappellera des expériences avec des puces RFID (en partenariat avec le Museum de Lyon) et Visite+.

Aujourd’hui, la Cité des Sciences ne s’investit plus seule, mais le fait dans le cadre de l’Etablissement public à caractère industriel et commercial qu’est Universcience. Universcience est l’établissement public issu du rapprochement entre le Palais de la découverte et la Cité des sciences et de l’industrie. Créé en 2009, il est placé sous la tutelle des ministères chargés de la Recherche et de la Culture.Claudie Haigneré préside l’établissement, après en avoir été l’administratrice provisoire.

Joël de Rosnay, biologiste spécialiste des technologies du futur et aujourd’hui conseiller à la présidence d’Universcience, a accepté de nous dévoiler les projets en cours et à venir à la Cité pour tout ce qui touche à la médiation et à l’expérimentation de la visite.

L’AVENIR DU MUSÉE : LA CYBERMUSÉOLOGIE

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Cliquable » grâce à un « navigateur » (le smartphone n’existait pas), telle que nous pouvons en voir un prototype à l’exposition « Léonard de Vinci », a été proposée par Joël de Rosnay en 1994 et développée par Claude Farge, Directeur des Editions et du Transmedia à la Cité. L’idée était de pousser au maximum l’idée de mobilité et de découverte. Aujourd’hui, grâce à son smartphone, le visiteur peut bénéficier de la géolocalisation indoor développée en partenariat avec des entreprises du numérique et utilisant des technologies couplant, notamment GPS, GSM et Wifi. Il pourrait même être possible de trouver les personnes manifestant le même intérêt au sein de l’exposition afin de se regrouper pour des vistes guidées ou des jeux de pistes par exemple. Le visiteur pourrait même être reconnu (non pas grâce à ses données de navigation via son smartphone) mais pourquoi pas via un badge scannable. L’institution pourrait ainsi lui suggérer des idées de visite, de parcours et lui proposer du contenu spécifique.

Cette cybermuséologie, comme la nomme Joël de Rosnay,  vise à ancrer l’hyperlien, le numérique dans le réel. Précédemment, le personnel du musée constituait cet hyperlien. Médiateurs et agents d’accueil pouvaient (et peuvent toujours) renseigner le visiteur. L’apparition de la réalité augmentée a permis de dépasser la vision passéiste du web des années 90, où ce dernier avait pour mission d’appréhender le monde dans sa globalité, dans un univers parallèle.

Un exemple de réalité augmentée serait qu’un visiteur « scannerait » une salle d’exposition avec son smartphone et des icônes cliquables pourraient apparaître à côté de certaines oeuvres ou artefacts afin de le renvoyer vers du contenu complémentaire. Bien entendu, puisqu’aujourd’hui, seulement 28% des français sont équipés de supports de ce type, des outils similaires peuvent être proposés à la location ou contre remise d’un document d’identité.

Que ce soit Joël de Rosnay ou moi-même (Le musée virtuel : les nouveaux enjeux, éditions le Manuscrit, 2011), l’intérêt des technologies dans le musée réside également, et surtout, dans sa complémentarité aux moyens traditionnels de médiation et de transmission de l’information. On passe ainsi de la pensée high-tech à celle du high-touch (John Naisbitt, Megatrends), de la muséologie à la cybermuséologie, du musée au musée virtuel.